
Il n’y a pas de « bonne » réponse à cette question et chacun trouvera à critiquer légitimement et avec bon sens la position qui sera prise.
Pour ma part, avec le groupe socialiste auquel j’appartiens, j’ai décidé d’essayer de jouer le jeu du débat parlementaire pour les Français plutôt que de tenter le parti d’une censure a priori.
Le choix est difficile et la responsabilité importante. Il y a bien sûr dans la balance la suspension de la réforme des retraites pour laquelle nous luttons avec les syndicats et toutes les forces de gauche depuis deux ans et qui profitera à des centaines de milliers de Français.
Il y a aussi un premier pas, certes encore très insuffisant pour la taxation des plus fortunés, pour le pouvoir d’achat, mais il y a surtout le discours sur la méthode dont nous devons nous emparer.
Depuis 2017 et l’élection d’Emmanuel MACRON nous dénonçons le présidentialisme jupitérien, le Parlement godillot et le mépris témoigné aux oppositions, enjambées à coup de 49-3.
Le Premier ministre a accepté de renoncer, à la demande de la gauche, à cet outil d’un autre temps et à répété, à l’envie que le Gouvernement proposerait, que le Parlement débattrait et aurait le dernier mot dans le respect de l’esprit des institutions.
Chiche ! Puisque qu’aucune force politique n’a de majorité absolue, la gauche doit peser dans le débat et arracher des compromis exigeants pour la justice sociale et la transition environnementale. Nous avons le pouvoir de gagner des batailles pour les Français.
Alors j’ai beaucoup hésité, évidemment, mais tous ceux que j’ai croisé sur le terrain ces derniers jours m’ont appelé à la responsabilité et à la hauteur.
Ecœurés à la fois par le mépris macronien, sourd et accroché au pouvoir, et par le comportement de élus de tout bords incapables de chercher les compromis qui sont pourtant des évidences dans la vie réelle, les Français nous ont signifié leur colère et leurs attentes, leur désir de stabilité
Je les entends, les comprends et les partage.
Nous pourrions espérer une dissolution, à l’issue bien incertaine, avec une nouvelle instabilité, demander une élection présidentielle anticipée mais cela réglera-t-il notre situation ?
Les échéances arriveront et trancheront. En attendant, nous devons faire autrement et donner l’exemple.
Le Parti Socialiste, qui ne participe pas à ce Gouvernement et qui reste dans l’opposition, n’a rien à gagner pour lui-même ou l’un de ses membres. Il ne joue pas un strapontin ou un portefeuille, il n’a d’intérêts que ceux des Français et il censurera sans hésitation dès lors que les engagements du Premier Ministre n’auront pas été tenus. Energie, santé, pouvoir d’achat, justice sociale et fiscale… il y a tant de batailles à gagner pour améliorer le budget particulièrement injuste qui nous est proposé. Si ce choix n’est pas partagé aujourd’hui par nos partenaires à gauche, nous sommes certains que nous nous retrouverons, fidèles à nos valeurs, pour porter des propositions communes, conformes au projet du NFP, qui pèsent dans les compromis et les lois à venir.
Face au péril brun qui guette un pays sans budget, sans cap et sans confiance, nous faisons le choix du parlementarisme exigeant.